Toulon Forum européen de la Défense : Discours de Renaud Muselier
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Article N°21362

Toulon Forum européen de la Défense : Discours de Renaud Muselier

Parler devant vous un 20 septembre… quel joli clin d’œil – première victoire de l’armée révolutionnaire française… Valmy, le 20 Septembre 1792, cette armée levée en hâte, mal équipée, où cohabitent volontaires, fédérés et soldats de l’Ancien Régime, est unie et solidaire pour soutenir la Révolution !

Aujourd’hui encore, malgré le constat dur, implacable, que vous connaissez tous :
des équipements sur-employés,
des dotations complétées dans les magasins de sport,
des coupes budgétaires,
des programmes repoussés,
des effectifs supprimés… 
Notre Défense a tenu son rang avec courage, rigueur et talent !
Ecartelées entre des moyens toujours plus contraints et une demande d’engagement toujours plus forte sur notre territoire comme sur les théâtres extérieurs, face au terrorisme et pour notre liberté, les armées n’ont jamais baissé la garde. A ce titre, quelle fierté et quelle émotion seront les miennes ce 1er octobre prochain de pouvoir décorer les héros militaires, les héros de la force Sentinelle, de l’attentat lâche et aveugle de la gare Saint-Charles qui a pris la vie de Morgane et Laura. Regardons le monde qui nous entoure. Nous sommes au bord d’une nouvelle frontière et nous devons réinventer ce que nous avons construit une première fois.  Les conflits d’aujourd’hui ne ressemblent en rien à ceux d’hier. La guerre qui nous est déclarée sera une guerre totale. Une lutte à mort. Il n’y aura pas de place pour les islamistes et nous. Nous devons les écraser. Les éliminer. C’est notre survie qui est en jeu.  Les modes d’action se réinventent, la menace se fait asymétrique, sporadique, déconcentrée quand elle n’est pas cyber, ce ne sont pas des guerres conventionnelles que mènent nos forces. Ceci se complexifiant d’autant plus avec des réflexes internationaux que nous aimerions différents, des Etats qui cherchent à affirmer leur autorité par tous les moyens, une course à l’armement relancée, de belles victoires multilatérales toujours matinées de coups du nationalisme. Il fallait agir pour nos armées et l’année qui vient de s’écouler semble être celle de la prise de conscience : une loi de programmation militaire qui fera date, une Europe de la Défense qui s’incarne enfin, un focus sur la jeunesse et l’innovation. Notre armée est la première armée européenne – c’est une réalité qui nous oblige !  Lorsque j’entends Madame la Ministre Florence PARLY sonner le tocsin et appeler à la mobilisation générale pour une loi de programmation militaire qui répare et qui prépare, je suis rassurée pour nos enfants, heureux pour la France. Elle retrouve sa grande voix, forte, écoutée et entendue dans le monde. Celle d’une France prenant ses responsabilités et consciente de son destin.
C’est donc une loi de programmation militaire, dont vous connaissez les traits saillants, qui trace le chemin vers un effort national de Défense à 2 % du PIB d’ici 2025, près de 300 milliards d’euros de crédits programmés entre 2019 et 2025. C’est la première fois depuis la Guerre froide qu’une loi de programmation militaire en expansion est votée !

Ce budget inédit sera ventilé sur :
la modernisation des capacités actuelles, l’innovation, la coopération avec 36 % des programmes d’armement en coopération avec nos partenaires européens.
Notre protection ne peut s’entendre aujourd’hui qu’avec l’Europe, si la loi de programmation militaire prévoit une augmentation d’un tiers des programmes en coopération, ce n’est pas par idéologie, pas par obsession d’une utopie, mais bien par pragmatisme.
Pour la première fois depuis 20 ans, un renouvellement majeur des équipements des trois armées est lancé. 
Désormais, nous avons le choix : faire quelque chose de plus petit seul ou mener des projets novateurs et nous permettant de changer de dimension ensemble. Le constat est simple, nos marchés nationaux restent trop étroits pour assurer la pérennité de nos industries de Défense, il nous faut travailler ensemble, consolider nos activités au niveau européen et tendre vers une Base Industrielle et Technologique de Défense Européenne agile et qui protège. 
C’est la voie à adopter pour réussir le pari de l’export, pour lutter contre des concurrents qui jouent déjà sur des terrains plus vastes. Mais à ce niveau, la coopération étatique ne sera rien sans une coopération industrielle. Nous sommes dans une période charnière, longtemps sujet à débats, objet de colloques, thème d’étude de nombre d’auditeurs de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale ou de l’Institut Méditerranéen des Hautes Etudes Stratégiques, l’Europe de la Défense prend corps et devient réalité.

L’Europe doit se réveiller ! 
J’ai pour habitude de dire que l’Europe sert quand on sait s’en servir, qu’il faut parler l’européen… Et quel meilleur architecte interprète pourrions-nous espérer que la Direction Générale de l’Armement dans cet exercice ? Merci d’être aujourd’hui parmi nous. Il reste deux points non négociables pour réussir ce pari de la Défense du Futur, la jeunesse et l’innovation. Et Olivier, tu ne t’es pas trompé en consacrant ta dernière édition des universités d’été de la Défense au tryptique : Europe, jeunesse et innovation.
Car finalement, c’est de notre bien commun dont nous parlons, ce qui nous met hors d’atteinte du déclassement.
L’innovation, c’est la condition sine qua non de votre supériorité opérationnelle, du succès de vos exportations, la clé de notre crédibilité. Le risque est simple, c’est celui de la dépendance aux autres puissances. Parler du futur, parler d’innovation, parler de l’armée de demain, c’est parler des jeunes. Mais alors quel rôle pour les collectivités dans cet appareil de Défense ?
Nos collectivités ont un rôle essentiel à jouer aux côtés des Etats dans l’influence au sens large. Si l’influence est une compétence régalienne, via son armée et sa diplomatie, et qu’elle a vocation à le demeurer, nos collectivités l’accompagnent.  Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, 1ère Région militaire de France, ma responsabilité est d’agir. Construire une Région exemplaire dans sa relation aux armées et à l’écosystème de Défense. Il est important de comprendre de quoi nous parlons.

La Défense dans la région, c’est :
un chiffre d’affaires de 5,8 milliards d’euros par an,
45 000 emplois civils et 38 000 militaires,
la présence sur le territoire régional des trois armées avec 16 unités Terre, 15 unités de la Marine Nationale, 13 unités de l’Armée de l’Air et 15 implantations de services interarmées. 
D’un point de vue plus micro économique, l’empreinte d’un régiment de 1 000 hommes sur la vie locale est évalué à 25 millions d’euros par an et jusqu’à 40 millions d’euros les années où les troupes sont en opérations extérieures. C’est aussi 800 enfants scolarisés !
Nous sommes dans ce beau département du Var, premier département militaire de France, la base navale est ainsi le premier site industriel du Var et un véritable poumon économique de la région. 
Environ 15 000 marins sont affectés en son sein, sans compter les entreprises qui concourent à l’entretien des bâtiments, des personnes et des infrastructures. 
La Défense est le premier employeur du département avec plus de 20 000 civils et militaires - un habitant sur cinq de l’agglomération Toulon Provence Méditerranée est marin ou civil de la marine. 
Enfin, la base navale de Toulon est au cœur du Pôle de compétitivité Mer. Avec une superficie correspondant à seulement 7 % de la ville de Toulon, la Marine injecte chaque année plus d’un milliard d’euros dans l’économie. 
A titre d’exemple, les achats alimentaires représentent à eux seuls 17 millions d’euros par an dont 80 % proviennent de la région et 50 % du département. 
C’est notre réalité territoriale, Provence-Alpes-Côte d’Azur accueille en parallèle d’importants centres d’expertise et d’essais tels que ceux de la Direction Générale de l’Armement et des écoles de formation. 
Les secteurs de la Défense et de la Sécurité se structurent, à la fois, autour de grands groupes leaders mondiaux - tels que Naval Group, Thales Underwater System, Thales Alenia Space, Dassault Aviation, Safran ou encore Airbus Helicopters - et d’un tissu de plus de 2 000 ETI, PME et TPE innovantes. Et vous êtes aujourd’hui plus de 200 entreprises réunies dans ce Palais du Commerce et de la Mer.
Cet écosystème s’appuie également sur la présence d’organismes de recherche majeurs tels que : 
l’Office National d’Etudes et de Recherches Aérospatiales, l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la MER, le Commissariat à l’Energie Atomique. Ainsi que des pôles de compétitivité spécialisés dans divers sous-domaines :  le cluster SAFE, les pôles Mer Méditerranée, Optitec, Solutions Communicantes Sécurisées ou le réseau European Defense Economic Network tous ici représentés. Et je veux saluer le travail remarquable que tu fais avec tous nos partenaires mon cher Philippe VITEL. Toi qui est le seul Vice-président de Région de France à avoir cette belle délégation du lien avec les armées. 
Au regard de l’écosystème existant mon cher Philippe (1), différents segments de spécialisation sont à ce jour identifiés : il s’agit notamment de la fabrication d’hélicoptères (la région est leader mondial), de l’offre d’essais et de simulations, de la conception et de la fabrication de satellites et de drones, du maintien en condition opérationnelle de la flotte navale française, de la conception des systèmes de mission et de conduite des navires de guerre. 
D’autres axes représentent un fort potentiel pour la région : les projets satellitaires, les drones, la fusée spatiale, les dirigeables et les technologies marines avec notamment les systèmes intelligents embarqués et la robotique sous-marine. Ces secteurs sont ainsi suivis dans le cadre de nos différentes Opérations d’Intérêt Régional.
Nous en parlions hier encore à l’occasion de la 1ère soirée de réflexion de notre Région que j’ai organisée à Marseille autour de la thématique des transports. 400 professionnels du secteur venus débattre avec nous de leurs idées et nous présenter leurs innovations. 
Avec les élus de ma majorité, et plus particulièrement avec toi mon cher Philippe VITEL, nous avons élaboré une stratégie globale de soutien à l’économie des filières de défense et de sécurité au travers de grands axes :
bâtir un partenariat avec le Ministère des Armées afin de consolider et de valoriser ces secteurs, en concordance avec les attentes de l’Etat,
œuvrer au développement de synergies entre les acteurs des filières industrielle et technologique, notamment par le renforcement et la structuration d’un écosystème grâce aux Opérations d’Intérêt Régional Industries du Futur et Smart Tech et Economie de la Mer,
renforcer la filière académique régionale, en développant, adaptant et étoffant les offres de formation, professionnelle et continue existantes,
accompagner la reconversion de sites régionaux dédiés aux activités de sécurité et de Défense,
attirer de nouvelles implantations de sites.

C’est bien le rôle de la Région d’aider à la compétitivité du secteur économique de la Défense et particulièrement du tissu des ETI et des PME, notamment en accompagnant leur partenariat avec des grands groupes présents dans la région.
Il nous faut avoir conscience que nous ne sommes pas, nous ne sommes plus les seuls… et que la concurrence qui est normale et souhaitable, s’organise à nos portes, supportée par d’autres Régions, d’autres pôles technologiques.
Il nous faut être non seulement compétitifs mais surtout attractifs. C’est tout le sens du projet que je veux porter au cours des trois prochaines années, avec vous, entreprises, pôles, centres de recherche, européens…
Oui, les coopérations industrielles européennes sont souhaitables, je ne laisserai pas les sceptiques mettre en doute toute la valeur de ces projets.
Nous construisons un rendez-vous annuel à vocation internationale démontrant l’excellence du savoir-faire et les projets des alliances industrielles et technologiques régionales existantes et à construire.
Enfin, il faut être plus volontariste : aller plus loin que le programme énoncé afin de faire du Sud à horizon 2025 la 1ère Région européenne de Défense !
Mesdames et Messieurs, il existe des politiques importantes, d’autres décisives, mais œuvrer pour notre bien commun est vital. 
Certains ont cru que la Défense, la jeunesse, ou même l’innovation pouvaient être l’affaire d’un clivage partisan. D’un clivage entre la droite et la gauche. D’un clivage entre nos différents pays européens. Ils avaient tort. Et ils auront toujours tort.
(1) Philippe VITEL, Vice-Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur

Lien :http://traditionactu.tvlocale.fr

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